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Être à la mode, à quel prix ?
La mode tue (3/4)
La mode tue
Pour que les vêtements soient toujours moins chers, les marques de la fast fashion et de l'ultra fast fashion produisent leurs vêtements à l'autre bout du monde où les salaires sont très bas. Les droits des ouvriers sont peu respectés et leur santé est parfois mise en danger.
Le choc du Rana Plaza
Le 24 avril 2013, à Dacca, au Bangladesh, le « Rana Plaza », immeuble de 8 étages, est tombé. Près de 3 900 personnes travaillaient ce jour-là à l'intérieur pour fabriquer des vêtements. 1138 sont mortes et plus de 2 000 ont été blessées. Ce bâtiment avait été construit pour des bureaux. Il n'était pas assez solide pour accueillir les ateliers de couture. Le 23 avril, des ouvriers avaient refusé d'entrer dans le bâtiment car ils avaient vu que les murs se cassaient. Mais les patrons les ont obligés à travailler, déclarant que s'ils refusaient ils seraient licenciés.
Dans les ruines, des étiquettes de vêtements ont été retrouvées : Mango, Primark, Tex (Carrefour)... C'est ainsi que beaucoup de clients, à travers le monde, ont découvert les conditions de travail de ceux et celles qui fabriquent leurs vêtements. Les marques ont eu beaucoup de difficulté à reconnaître leurs
responsabilités.
On ne savait pas !
Après la catastrophe du Rana Plaza, des marques ont expliqué qu'elles ne savaient pas comment travaillaient les ouvriers.
Elles passent des commandes à des entreprises au Bangladesh, en Inde, en Chine... Elles demandent des vêtements à prix très bas, en grande quantité et qui doivent être réalisés rapidement.
Pour répondre à ces commandes, les entreprises font parfois faire une partie du travail à d'autres plus petites, à des ateliers de couture... où la sécurité et les droits des travailleurs sont encore moins respectés. Des marques ont déclaré qu'elles ne pouvaient pas connaître les conditions de travail des ouvriers.
En 2017, une loi a été votée, obligeant les entreprises françaises qui emploient plus de 5 000 salariés à contrôler les risques que représentent leurs activités pour les populations et pour l'environnement. Mais beaucoup ne le font toujours pas !
Des enfants au travail
Parmi les victimes du Rana Plaza, il y avait des adolescentes. Aujourd'hui encore, des centaines de milliers d'enfants travaillent pour fabriquer les vêtements : dans la production de graines de coton au Bénin, son ramassage en Ouzbékistan, le tissage de fil en Inde, la couture au Bangladesh... Ils sont choisis parce qu'ils sont payés encore moins cher que les adultes. Ils sont obligés d'obéir et plus faciles à contrôler. Dans les campagnes pauvres d'Inde, des personnes encouragent les parents à faire travailler leurs filles en ville, dans la production de fil. On leur promet un bon salaire, un logement, une éducation. Ce sont des mensonges. Les
enfants travaillent jusqu'à 60 h par semaine. Ils ne peuvent plus aller à l'école et étudier pour trouver un meilleur métier. Ils restent pauvres.
La chaîne de télévision anglaise BBC a découvert, en Turquie, des ateliers dans des caves, où des enfants de 7-8 ans et des réfugiés syriens adolescents travaillaient plus de 12 h par jour pour 1 € de l'heure.
Au Bangladesh, pour 256 heures de travail par mois, un enfant gagne en moyenne 30 €.
Les enfants travaillent sur des machines dangereuses qui ne sont pas adaptées pour eux. Ils utilisent des produits chimiques mauvais pour leur santé.
Impossible de sortir de la pauvreté
Les ouvriers sont si mal payés qu'ils ne peuvent pas sortir de la pauvreté. En 2019, l'association Oxfam a interrogé des ouvrières au Bangladesh. 9 sur 10 ont déclaré que leur travail ne leur permet pas de répondre à leurs besoins et à ceux de leur famille, de manger, de payer l'école de leurs enfants. Elles gagnaient, en moyenne, 80 € par mois.
Combien pour un t-shirt ?
Pourtant, augmenter le salaire des ouvriers ne changerait pas beaucoup le prix de nos vêtements. Aujourd'hui, quand nous achetons un t-shirt 29 €, 68 % du prix revient à la marque et au magasin. Le salaire ne représente que 0,6 % soit 18 centimes.
Et Shein dans tout ça ?
Shein propose des nouveautés chaque jour... mais elle les fabrique en plus petite quantité. Elle n'a pas besoin de grandes usines. Elle fait beaucoup appel à des petits ateliers de couture. Selon l'enquête d'un journaliste du Monde, les salariés, souvent, n'ont pas de contrat de travail. Ils ne sont pas protégés s'ils tombent malades. Ils travaillent de 8 h à 20 h (12 h par jour) ou de 20 h à 6 h du matin. Cela, 6 jours sur 7. Selon l’association Public Eye, certains font jusqu'à 75 h par semaine.
Bien sûr, les heures supplémentaires ne sont pas payées ! Souvent, les employés n'ont pas un salaire pour le mois mais selon le nombre de vêtements cousus.
Le coût humain de nos jeans
Les ouvriers risquent leur vie pour produire les vêtements. Pour nos jeans, ils utilisent souvent, sans protection, des produits chimiques pour éclaircir la toile, la rendre résistante à l'eau, éviter que la taille du jean change au lavage…
Pour donner l'impression que le jean est usé, plus clair..., une des techniques utilisées est le sablage. Du sable est projeté violemment sur la toile. Respirer le sable peut provoquer des maladies des poumons. En 2009, de nombreux ouvriers sont morts en Turquie.
Depuis, cette technique est interdite dans ce pays, mais elle est toujours utilisée en Chine, au Bangladesh, en Tunisie...
En plus de risquer leur santé, les ouvriers travaillent dans des conditions difficiles car ils doivent réaliser de nombreux jeans en peu de temps. Ils sont dans les usines 10 à 12 h par jour pour des salaires très bas. La Tunisie et la Turquie produisent des jeans pour environ 15 € qui seront revendus au client de 120 à 150 €. La Chine les réalise de moins bonne qualité pour 5,5 €. Les salariés, eux, ne reçoivent jamais plus de 1 à 5 % du prix d'un jean.
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