L'info, c'est clair !
Sans océan, pas de vie
Surpêche (3/4)
Surpêche
L’océan nous semble impossible à vider de ses poissons. Pourtant, depuis quelques années, nous pêchons en trop grande quantité. Des poissons risquent de disparaître. Les techniques de pêche utilisées détruisent les fonds marins. Les filets prennent tout, sans faire de différence entre les poissons que nous allons manger et les autres, rejetés en mer, morts. Mais, vivante, chaque espèce a un rôle, une place importante dans l’océan.
La surpêche, qu’est-ce que c’est ?
C’est pêcher tellement de poissons qu’ils sont en danger de disparition. C’est aussi pêcher des poissons trop jeunes, avant qu’ils aient le temps d’avoir des bébés. S’il n’y a plus de poissons adultes, l’espèce ne peut pas se reproduire. Cela s’est passé, par exemple, avec le thons rouges. Jusque dans les années 1970, il était pêché de façon artisanale, avec des techniques douces. Puis sont arrivés les grands bateaux usines. Le nombre de thon rouge a baissé de 80 % en quelques dizaines d’années. Il a dû être protégé. Cela a permis à des thons rouges de naître. Aujourd’hui, sa pêche est à nouveau autorisée.
En Méditerranée, 53 % des stocks de poissons sont pêchés en trop grande quantité. Au niveau mondial, c’est 35 % selon les Nations Unies.
Les bateaux-usines
Ils sont appelés les ogres des mers par les associations de défense de l’océan. Ces bateaux peuvent mesurer plus de 140 m. ce sont de vraies usines sur l’eau : ils peuvent congeler le poisson, le transformer en farine…
L’un d’eux, le Margiris, peut pêcher 250 tonnes de poissons par jour. C’est autant que la pêche de 5 petits bateaux pendant un an. Quand ces navires-usines arrivent, il ne reste plus rien derrière eux pour les pêcheurs artisanaux, les animaux marins, les oiseaux… Le Margiris est fier d’apporter, chaque jour, 5,5 millions de repas peu chers aux familles africaines. Mais avant, les familles pouvaient se nourrir elles-mêmes grâce à la pêche artisanale. Les bateaux-usines ont vidé leurs côtes.
Ils sont aussi très polluants car ils utilisent beaucoup de carburant. Ils sont en grande partie responsables de la surpêche... Et pourtant, ils sont soutenus par l’Union européenne et reçoivent des aides financières.
Des techniques de pêche destructrices...
Une grosse machine qui traverse la forêt en écrasant tous les arbres et la vie, cela choque ! C’est ce qui se passe tous les jours au fond de l’océan, mais ça ne se voit pas. Pour attraper des poissons, les bateaux appelés chalutiers de fond utilisent un énorme filet : le chalut. Il est alourdi par de grands morceaux de métal, pour descendre tout au fond. Puis le filet est tiré par le bateau. Le poisson prisonnier n’est souvent pas de bonne qualité, car il est écrasé et abîmé. 
 Les fonds deviennent des cimetières marins !
Une autre technique très utilisée par la pêche industrielle est la palangre. C’est un fil qui peut faire plusieurs kilomètres de long. Des milliers d’hameçons (crochets en métal) sont attachés dessus, avec de la nourriture pour attirer les poissons. La palangre permet de pêcher des poissons de qualité mais elle prend tout. Des requins protégés, des tortues…
De nombreuses autres techniques de pêche ne respectent pas la vie des océans.
 
Pêche interdite
Normalement, la pêche respecte des règles. Mais, chaque année, des pêcheurs non déclarés pêchent sans autorisation. 26 millions de tonnes de poissons par an seraient ainsi pêchés, soit 28 % de la pêche dans le monde selon l’association WWF.
 
Pêche importée
Une grande partie de la pêche consommée vient de l’étranger. Par exemple, sur les 35 kg consommés par an par les Français, 24 kg viennent de l’étranger.
Des êtres vivants… pas des déchets !
François Sarano, océanographe et plongeur, se rappelle, quand il était étudiant en 1981, d’une pêche au chalut. Toutes les 3 heures, le filet était remonté et vidé sur le bateau. C’était comme s’il « vomissait » des poissons, des seiches, des crabes, des étoiles de mer, des éponges, des coquillages, des oursins, des rochers, de la vase… Tout cela venait du fond du filet, du fond de la mer. Les pêcheurs cherchaient alors dans le mélange les poissons qu’ils pourraient vendre. Puis, avec de grandes pelles, ils rejetaient le reste à la mer, un tas de pattes, de nageoires, d’yeux éteints, de corps déchirés, de carapaces écrasées… Pour eux, c’étaient juste des déchets… Leur vie n’avait pas d’importance. Mais s’ils ne sont pas mangeables pour nous, ils ont une place au fond de l’océan.
Aujourd’hui, les filets sont encore plus grands qu’en 1981. Par accident, ils emprisonnent des tortues, des dauphins, des requins, des oiseaux marins…
Selon les Nations Unies, chaque année, sur 94 millions de tonnes de poissons pêchés, 27 millions de tonnes sont rejetés à la mer et meurent.
Moins de vieux poissons
Les vieux poissons meurent naturellement ou sont pêchés. Mais ils ne sont plus remplacés. Les plus jeunes sont pêchés. Ils n’ont plus le temps de vieillir. Avant, quand ils mouraient, des millions de thons, de requins, de baleines, de raies tombaient au fond de l’océan. D’autres espèces s’en nourrissaient.
Seuls survivent les animaux qui se reproduisent vite. Si nous continuons, les méduses vont remplacer les poissons, qui auront remplacé les requins… et dans les fonds, il n’y aura plus que des vers à la place des coraux, des éponges… C’est déjà ce que l’on voit après le passage des chaluts.
Utiles aux hommes ? 
Nous prenons dans l’océan tout ce qui nous est utile, sans penser à son équilibre et au respect du vivant. Mais chaque espèce animale ou végétale a une place importante dans la mer. François Sarano a étudié un groupe de 17 femelles adultes cachalots et leurs petits qui vivent près de l’Île Maurice. Il a découvert des caractères différents, des relations de couple, un cachalot qui est le baby-sitter des plus jeunes… Certains sont curieux, joueurs… Si l’un d’eux meurt dans un filet de pêcheur, il manquera au groupe.
Petit à petit, les chercheurs découvrent des espèces qui ont une personnalité, une intelligence… Le poulpe, par exemple, n’a pas de cerveau comme celui de l’être humain, mais il est capable d’apprendre, de trouver des solutions à des problèmes, de jouer…
Avant d’être étudié, le plancton pouvait sembler inutile. Pourtant, il nourrit un très grand nombre d’espèces et produit de l’oxygène.
Sous l’eau, chaque vie est unique et participe au maintien de la vie sur Terre.
Autres chapitres de ce sujet